Est-ce que vous saviez que la Vallée de la Semois en Belgique était autrefois connue non pas pour ses magnifiques paysages mais plutôt pour son tabac ?
L’histoire de l’industrie
Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques producteurs qui perpétuent la tradition née au XVIIème siècle et largement développer au début du XXème siècle. Pour vous donner un ordre d’idée de l’étendue de cette industrie, en 1905, on trouve, entre Bohan et Corbion, jusqu’à 280 hectares de plantations de tabacs soit 7 millions de plants de tabac !
C’est d’ailleurs grâce à cette industrie que la vallée va rapidement se développer et va permettre aux habitants de vivre décemment car jusqu’ici, en raison du sol pauvre de la région, aucune culture n’était possible.
Plusieurs familles vont d’ailleurs se bâtir une réputation et un empire financier. L’Etat belge va même jusqu’à installer deux stations expérimentales afin d’apporter aide et conseils aux planteurs. Pour que vous compreniez la valeur de ce tabac, voici un exemple assez parlant : pendant la seconde guerre mondiale, 50 grammes de tabac de la vallée de la Semois se négocient cinq fois le même poids de beurre.
Mais plusieurs facteurs vont provoqué la disparition de cette industrie dans la vallée : la vogue de la cigarette tout droit importé des Etats-Unis, la difficulté de la culture, l’apparition du mildiou, un champignon parasite, le manque de rentabilité et une lourde taxation de la part du gouvernement.
La culture du tabac
Aujourd’hui, il reste trois fabricants dans la vallée historique, dont la fabrique Martin qui transforme le tabac depuis 1880. Quatre générations qui se sont succédé à la tâche, avec des techniques et un outillage qui sont toujours les mêmes. Selon la famille Martin, ce qui fait le goût particulier du tabac de la Semois, c’est déjà qu’il pousse ici, car le climat est propice : dans la vallée, il fait chaud et ensoleillé.
De plus, la culture du tabac est une culture qui ne nécessite pas de rotation, on peut le cultiver année après année. Une autre caractéristique du tabac de la Semois : le séchage en plein air. Ce sont les brouillards de la vallée qui l’empêchent de moisir. Et puis il y aussi la fabrication qui reste artisanale : la coupe et la torréfaction au bois, c’est tout un art.
L’Histoire des contrebandiers
Les plantations de tabac dans la vallée de la Semois proche de la frontière française ont donné évidemment des idées à bien des gens désireux d’en tirer de solides bénéfices. En effet, coté Français, le tabac ne pouvais se cultiver par des particuliers, il était le monopole de l’Etat. Dans ce contexte, la tentation était plutôt grande dans la mesure où certains habitants n’avaient que quelques kilomètres à faire pour passer la frontière. Attirés par le gain, les contrebandiers évitaient les passages douaniers et acheminaient leur marchandise par des sentiers et passages forestiers à l’itinéraire sans cesse modifié.
Afin de réussir cette fraude, le planteur devait tromper les services de l’Etat belge qui contrôlait les plantations. Chaque plant de tabac était à l’époque conté et une fois en botte, il était pesé afin de vérifier que le poids correspondait bien avec le nombre de pied cultivé. Le planteur devait donc cacher une partie de ses plantations sur son exploitation et avoir beaucoup d’imagination.
Ce petit trafic fût si souvent répété qu’il devint à la longue trés important ! Le tabac était accompagné d’allumettes, mais aussi de chocolat, de café, et de tout ce qui était moins cher de l’autre coté de la frontière, en Belgique. Et en échange, les français fournissaient du vin, de l’alcool, de la farine ou du parfum.
Assuré par les hommes mais aussi les femmes de la région, ces dernières que l’on surnommait « les pacotilleuses » se servaient de leurs atouts féminins pour dissimuler la marchandise. Ne pouvant être fouillées par les douaniers, elles eurent rapidement du succès dans les « affaires ».
Petit à petit les contrebandiers ont investit les petites maisons qui étaient déjà présentes le long de la frontière. Il s’agissait de maisons de cultivateurs, de cafetiers ou de commerçants. Elles regorgeaient de toutes les marchandises légalement permises en Belgique. Il suffisait aux Français de venir acheter ce qu’ils voulaient à des prix intéressants. Aujourd’hui ses maisons existent toujours et sont restées des commerces de frontières ou les français viennent légalement acheter leur tabac et leur chocolat. Les choses n’ont pas vraiment changées !
La route touristique
Afin d’en savoir plus sur le passé de cette industrie, je vous invite à parcourir la Route Touristique du Tabac, circuit composé de deux itinéraires en voiture entre Vresse et Bouillon qui a été crée en juin 2018. Le but de cet itinéraire est de conserver et de mettre en valeur les derniers témoins de l’histoire de cette culture et permettre aussi aux visiteurs de prendre conscience des anciennes pratiques.
Le circuit est divisée en deux boucles, toutes les deux au départ d’Alle sur Semois, berceau de la culture. Le circuit est détaillé village par village dans un topo guide en vente au prix de 2€.
Au détour des magnifiques villages, on découvre un musée consacré à la culture et encore quelques-uns des fameux séchoirs à tabac. Il est fortement recommandé de coupler votre séjour avec une activité randonnée sur les crêtes de Frahan et une découverte de la Semois en canoë !
Pour obtenir plus d’informations où une proposition de tarif sur mesure, n’hésitez pas à nous contacter via le formulaire prévu à cet effet sur notre site internet.
Téléchargez l’itinéraire de la Route du tabac de la Semois en vous rendant sur le site: https://www.cirkwi.com/fr/circuit/54430-semois-route-du-tabac-alle-vresse-bohan-alle-dohan-bouillon